La soie dentaire ou la mort!

Publié par Denis Massé le

Par Denis Massé - HD

Chers collègues,

Plusieurs d’entre vous me savez très impliqué au niveau de la santé parodontale et des liens systémiques s’y rapportant. Depuis une vingtaine d’années que je suis à l’affût de ce qui s’y publie et que je me donne comme mission de le transmettre du mieux possible via articles et conférences.

Voici un article que j’ai trouvé intéressant publié dernièrement sur Science-Presse qui résume assez bien où nous en sommes…

Denis Massé
HD

La soie dentaire ou la mort!

C’était le titre de l’article rédigé par mon collègue de l’OSS, Joe Schwarcz, paru la semaine dernière dans le quotidien The Gazette. Au premier abord, ce titre semble un peu exagéré, mais un examen plus approfondi indique qu’il existe bel et bien un lien entre santé buccodentaire et santé globale. Ce lien est d’ailleurs particulièrement prononcé dans le cas de la maladie cardiovasculaire (MCV)... Et les milliards de bactéries qui logent dans notre bouche sont en cause.

C’est le scientifique hollandais Anthony van Leeuwenhoek qui découvrit le monde infiniment petit qui habite notre bouche. À la fin du 17e siècle, misant sur ses talents d’opticien, van Leeuwenhoek fabriqua des lentilles permettant d’agrandir les objets plus de 200 fois. Grâce à sa création, il put observer que des échantillons récoltés entre ses dents foisonnaient de vie. Dans sa correspondance, il décrit la quantité innombrable de ces petits « animalcules » qui se déplacent dans tous les sens et de manière désordonnée. van Leeuwenhoek remarqua également qu’un nombre beaucoup plus important de ces microorganismes était présent dans la bouche de personnes qui ne se nettoyaient pas les dents. Mais ce n’est que récemment que les scientifiques ont constaté que ces « animalcules », les bactéries, pouvaient avoir un effet néfaste sur la santé buccale et globale à la fois.

Si elles ne sont pas contrôlées, les bactéries envahissent les tissus de nos gencives, où elles causent inflammation et gingivite. Avec le temps, la gingivite se transforme en parodontite, soit une inflammation plus sévère, qui attaque les tissus qui soutiennent les dents, ce qui risque ultérieurement d’en entraîner le déchaussement. La parodontite est responsable de plus de 70 pour cent des pertes de dents. Mais ce n’est qu’au début des années 1990 que les chercheurs ont mis en évidence un lien beaucoup plus sérieux, cette fois entre la parodontite et les MCV. Une étude publiée dans le British Medical Journal (BMJ) menée auprès de plus de 1 000 sujets et échelonnée sur une période de 14 ans démontra que les sujets chez qui des symptômes de parodontite avaient été constatés présentaient un risque de 25 pour cent supérieur de développer une MCV. Par ailleurs, le risque de mortalité général était plus élevé chez les personnes souffrant de MCV et de parodontite que chez celles atteintes d’une MCV, mais dont les gencives étaient en bon état. Une autre étude conduite en Écosse auprès de 12 000 participants a mis plus spécifiquement en évidence le lien entre le manque d’hygiène dentaire et la MCV. Cette étude révéla que le risque développer une MCV était accru de 70 pour cent chez les sujets qui se brossaient les dents moins de deux fois par jour.

Les exemples mentionnés ne sont que des liens et non des relations causales. Il se pourrait que d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Par exemple, il est possible que les personnes qui négligent leur hygiène buccale ne se soucient pas non plus de leur santé globale. Néanmoins, il existe d’autres données suggérant que les bactéries buccodentaires figurent parmi les facteurs associés à la MCV. Des études ont notamment mis au jour le risque accru d’accident cardiovasculaire relativement au nombre de bactéries présentes dans la plaque dentaire. Quoi qu’il en soit, nous avons aujourd’hui une meilleure compréhension du mécanisme par lequel ces bactéries contribuent à la MCV.

En premier lieu, nous savons que les bactéries responsables de la parodontite peuvent s’échapper de la plaque dentaire et se répandre dans le système sanguin. Une fois qu’elles y circulent, ces bactéries risquent de s’incorporer à la plaque artérielle; ces dépôts graisseux accumulés le long de nos artères. Cette accumulation augmente la taille des dépôts et diminue le flot sanguin. En cas de rupture, cela peut causer un accident cardiovasculaire. Il est également possible que les bactéries, ou leurs produits de dégradation, stimulent la production hépatique d’une protéine inflammatoire appelée protéine C-réactive (PCR). Mentionnons par ailleurs qu’une théorie émergente veut que la MCV soit en grande partie issue d’un processus inflammatoire. Cette théorie expliquerait le lien observé entre la concentration sanguine de PCR et le risque de MCV.

Mais ce sont les travaux de la professeure Ann Progulske-Fox de l’Université de Floride qui nous fournissent la preuve - ce qu’on appelle le « smoking gun » en anglais - que les bactéries buccales sont directement impliquées dans les MCV et que la plaque dentaire et la plaque artérielle ont davantage que le terme « plaque » en commun. Les recherches de la professeure Progulske-Fox démontrent que ces « méchantes bactéries », comme le Porphyromonas gingivalis qui détruisent les gencives, sont également présentes dans les dépôts qui bloquent les artères. Elles se trouvent sur la scène du crime cardiaque!

L’ensemble de ces données souligne l’importance d’une bonne hygiène buccodentaire pour préserver sa santé dentaire et cardiaque. Brossez-vous les dents religieusement et utilisez la soie dentaire. L’emploi d’un rince-bouche antiseptique peut aussi être envisagé. Des études menées par Johnson & Johnson, les fabricants de Listerine*, montrent que l’utilisation de rince-bouche par des personnes souffrant de gingivite ou de parodontite réduit de façon marquée le nombre de bactéries dans le sang.

La petite histoire de Listerine

Listerine doit son nom au baron Joseph Lister (1827-1912), créateur de l’antisepsie dans la chirurgie opératoire. Joseph Lister démontra que l’application de phénol - connu à l’époque sous le nom d’acide carbolique - sur les plaies prévenait le développement de la gangrène, un problème courant à la suite d’une chirurgie. Joseph Lister serait peut-être aussi surpris d’apprendre que la bactérie responsable de l’empoisonnement alimentaire, la listériose, porte aussi son nom. Mais il serait encore plus surpris d’apprendre que Listerine a été également été utilisé comme lotion capillaire pour lutter contre les pellicules.

- Le site de l'Organisation pour la science et la société de l'Université McGill

 

Pour implanter un département de parodontie interceptive efficace et responsable, contactez Isabelle Lavallée, Directrice des services de consultations.

isabelle@idi.org

514.795.1281

 

Retour à la liste des nouvelles