Consensus professionnel sur les risques orthodontiques : Ce que les orthodontistes devraient dire à leurs patients

Publié par Denis Massé le

Par Denis Massé

 Bonjour chers collègues,

Voici la traduction d’un blogue intéressant publié par le docteur Kevin O’Brien, orthodontiste 1, paru le 7 décembre dernier. J’ai pensé qu’il serait intéressant de vous le partager. What risks should we inform our patients about? Kevin O'Brien's Orthodontic Blog. Vous pourrez constater que les conclusions sont parfaitement en ligne avec ce que nous   enseignons à l’IDI depuis des années.

Consensus professionnel sur les risques orthodontiques : Ce que les orthodontistes devraient dire à leurs patients

John Perry et al. AJO On-Line DOI: https://doi.org/10.1016/j.ajodo.2019.11.017

Un traitement orthodontique n'est pas sans risque.  Nous devons informer nos patients sur autant de risques potentiels que possible. Mais quels sont ceux qui sont essentiels de mentionner ? Une étude faite par une équipe de Cardiff, au Pays de Galles et publiée dans l'American Journal of Orthodontics nous en donne une idée. Pour consulter l’étude : Professional consensus on orthodontic risks: What orthodontists should tell their patients - American Journal of Orthodontics and Dentofacial Orthopedics (ajodo.org)

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Lorsque nous discutons d'un traitement avec nos patients, nous devons les informer de tous les risques raisonnables.  Plusieurs décisions judiciaires importantes au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Australie ont recommandé que nous donnions à nos patients une quantité raisonnable d'informations sur les risques de leur traitement.  Une communication efficace des risques est une condition nécessaire pour un consentement valable. Il n'existe par contre pas de norme convenue pour le contenu des discussions avec les patients sur les risques des traitements orthodontiques. Cette étude visait à produire une recommandation professionnelle consensuelle sur les risques qui devraient être discutés avec les patients dans le cadre du consentement à un traitement orthodontique.

Objectif de l’étude :

"Obtenir un consensus professionnel sur les risques qui devraient être discutés dans le cadre du consentement à un traitement orthodontique".

Méthode :

Ils ont fait une étude intéressante en utilisant la technique Delphi.  Cette méthode, de plus en plus connue des spécialistes en élaboration de stratégies à moyen et à long terme, vise à recueillir, par l’entremise d’un questionnaire ouvert, l’avis justifié d’un panel d’experts dans différents domaines. La procédure, basée sur la rétroaction, évite la confrontation des experts et préserve leur anonymat. Les résultats d’un premier questionnaire sont communiqués à chaque expert et sont accompagnés d’une synthèse des tendances générales et particulières, des avis et des justifications. Dès lors chacun est invité à réagir et à répondre à un deuxième questionnaire élaboré en fonction des premiers avis recueillis, et ainsi de suite jusqu’à l’obtention d’une convergence aussi forte que possible des réponses. Les auteurs ont donc réalisé cette étude en plusieurs étapes :

Tout d'abord, ils ont procédé à une analyse documentaire structurée afin d'identifier les risques associés au traitement orthodontique. Ils ont identifié des documents à partir de recherches bibliographiques.

Deux des auteurs ont ensuite extrait les énumérés dans les articles et les ont présentés dans le premier cycle de l’enquête Delphi. Ils ont demandé à des membres de la British Orthodontic Society de participer à l'enquête en ligne. Dans la première partie, les répondants ont examiné la liste des risques et ont noté leur importance sur une échelle de 1 à 9.  La note 1 signifiait peu importante, et une note de 9 était tout à fait critique.  Ils ont ensuite classé les risques en fonction d'une définition prédéterminée du consensus. Cela leur a permis d'identifier les risques qui seraient ensuite soumis au deuxième tour.

Ils ont ensuite analysé ces données pour fournir des informations sur les quartiles globaux des scores. Ces informations ont ensuite été incluses dans le deuxième tour du Delphi en ligne, avec un rappel de leur score pour chaque répondant. Ils ont demandé aux répondants de revoir leur score et d'y apporter des modifications en tenant compte des scores de l'ensemble du panel. Ils ont ensuite appliqué à nouveau la définition du consensus pour identifier la sélection finale des risques.

Résultats :

Après le deuxième tour du Delphi, ils ont identifié les risques suivants :

  • Déminéralisation/Caries
  • Récidive
  • Durée du traitement
  • Résorption des racines
  • Douleur/inconfort
  • Conséquences de l'inaction
  • Bris d’appareils
  • L'impossibilité d'obtenir les mouvements de dents souhaités
  • Gingivite
  • Ulcération

Ils ont envoyé 1479 demandes de participation. Trois cent quarante-cinq membres ont répondu au premier envoi (23% de réponse). Trois cent vingt-et-un ont répondu au deuxième tour (74 % de réponse).

Commentaires : (ces commentaires sont ceux du docteurO’Brien)

Cette étude n'est pas le type "habituel" de document de recherche présenté en orthodontie. Par contre, j'ai pensé qu'elle était intéressante et très pertinente pour notre pratique clinique.  Les auteurs ont utilisé la technique Delphi afin d’obtenir des informations auprès d'un large échantillon d'orthodontistes. Cette méthode constitue en fait en un point fort important de l'article.  Les auteurs ont également fait remarquer de manière très pertinente que les opérateurs mal formés et les prestataires de services directs aux consommateurs ne disposent probablement pas de la formation nécessaire pour expliquer ces risques.

Ils ont également estimé que nous pourrions utiliser ces informations pour développer des outils de communication sur les risques afin d'aider nos patients à prendre des décisions éclairées sur leurs choix de traitement.

Des lacunes ? (toujours selon O’Brien)

L'un des défauts potentiels de cette étude est peut-être le taux de réponse. Bien que certains puissent penser que ce taux est faible, les auteurs soulignent qu’il était similaire à celui des autres techniques Delphi et par conséquent, il était acceptable.  Je me suis également demandé si la liste serait différente pour les orthodontistes en dehors du Royaume-Uni.  Il est certainement possible de répéter cette étude dans d'autres pays. En général, j'ai trouvé que c'était une contribution intéressante et précieuse à la littérature.

     Kevin O'Brien ; Professeur émérite en orthodontie, Université de Manchester, Royaume-Uni

Retour à la liste des nouvelles