L'encombrement influence-t-il les décisions d'extraction ?

Publié par Denis Massé, tiré d'un article affiché sur le blogue du Dr Kevin O’Brien (professeur émérite à l’université de Manchester au RU) 1 le

Par Denis Massé, tiré d'un article affiché sur le blogue du Dr Kevin O’Brien (professeur émérite à l’université de Manchester au RU) 1

Voici la traduction d’un article affiché sur le blogue du Dr Kevin O’Brien (professeur émérite à l’université de Manchester au RU) 1 traitant d’extraire ou non lors d’un traitement orthodontique. Vous pouvez consulter l’article original à : Does crowding influence extraction decisions? (kevinobrienorthoblog.com)

Bonne lecture…

Cette nouvelle étude a tenté d'identifier de nouvelles informations susceptibles d'expliquer les décisions d'extraction des orthodontistes.  L'équipe chargée de l'étude a examiné s'il existait un lien entre l'importance de l'encombrement dentaire et la décision d'extraction d'un large échantillon d'orthodontistes.

Cette étude a été réalisée par une équipe d'Honolulu et de Washington, Seattle, États-Unis. L'article a été publié dans l'AJO-DDO.

Association between crowding estimation and extraction recommendations in orthodontics.

Kaitlyn Tom, Lloyd Mancl, Heather Woloshyn, Roozbeh Khosravi et Anne-Marie Bollen.

AJO-DDO en ligne : https://doi.org/10.1016/j.ajodo.2023.07.012


Qu'ont-ils demandé ?

Ils ont réalisé cette étude pour :

"Évaluer la relation entre l'encombrement estimé et la recommandation d'extraction par les orthodontistes aux États-Unis.’’


Qu'ont-ils fait ?

Ils ont réalisé une étude d'observation transversale. Elle était structurée de la manière suivante.

  • Ils ont recueilli les dossiers de quatre patients présentant une malocclusion de classe I avec différents degrés d'encombrement.
  • Le degré d'encombrement a été mesuré par un examinateur qualifié. En outre, ils ont tracé les radiographies céphalométriques. 
  • L'équipe a ensuite envoyé une enquête en ligne à tous les partenaires de l'AAO dans le programme de recherche et au groupe Facebook Orthodontic Pearls
  • L'enquête comportait deux parties principales. La première partie recueillait des données sur le clinicien, par exemple son sexe, ses antécédents cliniques, ses années d'expérience, etc. 
  • La deuxième partie de l'enquête contenait des images des dossiers des patients. Les orthodontistes ont été invités à estimer l'importance de l'encombrement et à indiquer s'ils proposaient d'extraire des dents dans le cadre du traitement orthodontique. 
  • La dernière étape a consisté à effectuer les statistiques et méthodes exploratoires pertinentes pour évaluer l'estimation de l'encombrement et la recommandation d'extraction.

 

Qu'ont-ils trouvé ?

L'équipe a distribué l'enquête à 1904 membres de l'AAO partenaires du programme de recherche et à 10 404 membres du groupe Facebook Orthodontic Pearls. 373 cliniciens ont répondu, et ils ont reçu des réponses complètes de 373 cliniciens. 23 % des praticiens exerçaient depuis plus de 5 ans et 38 % depuis plus de 15 ans.

Lorsqu'ils ont examiné les dossiers des 4 patients :

  • Le patient A présentait l'encombrement le moindre et 95 % des praticiens ont suggéré la non-extraction. 
  • Les patients B et D présentaient l'encombrement le plus important et la plupart des praticiens ont suggéré des extractions (77-84%). 
  • Le cas C présentait un encombrement plus important que le cas A, mais moins important que les cas B et D. Par conséquent, 72 % des praticiens voulaient traiter sans extraction.

La plupart des praticiens ont recommandé l'extraction lorsque l'encombrement atteignait 9-10 mm au maxillaire ou à la mandibule. Lorsqu'ils choisissaient la non-extraction, ils voulaient créer de l'espace par l'expansion, la proclinaison des incisives et la réduction interproximale. Les participants ayant plus de 15 ans d'expérience étaient 2,7 fois plus susceptibles de suggérer l'extraction pour le patient C.


Leurs conclusions sont les suivantes

"L'estimation de l'encombrement varie considérablement d'un clinicien à l'autre. La plupart des cliniciens ont recommandé l'extraction lorsque l'encombrement maxillaire ou mandibulaire avoisinait les 9-10 mm."


Qu'en ai-je pensé ? (Dr O’Brien)

Cette étude a suivi les méthodes utilisées dans plusieurs autres portant sur la décision d'extraction. À cet égard, nous devons tenir compte du fait qu'il s'agissait d'une étude de nature indirecte et qu'elle ne représentait pas vraiment l'interaction étroite avec les patients tel que dans la vie réelle. Néanmoins, elle fournit des informations qui donnent un aperçu de nos décisions de traitement. En outre, c'est la seule méthodologie à ce jour que nous pouvons utiliser pour évaluer nos décisions. 

À bien des égards, j'ai le sentiment que les résultats sont très représentatifs de la pratique clinique. J'ai examiné de près les cas inclus dans l'article et je pense (toujours selon O’Brien) que je ne ferais pas d'extraction pour les patients A et C. Mais je ferais une extraction pour les patients B et D. Je suis d’ailleurs rassuré par le fait que cela semble être la décision de la majorité du panel. Il est dommage que ce document ne soit pas en libre accès pour que tous les lecteurs puissent voir les cas et prendre leurs propres décisions. 

Comme toutes les études, l'enquête comporte des limites. La plus importante d'entre elles étant qu'il n'a pas été possible de calculer le taux de réponse puisqu'on ne savait pas combien de praticiens avaient consulté la demande d'information.

  

1 Kevin O'Brien

Emeritus Professor of Orthodontics, University of Manchester, UK.

 

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